Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VII
PRÉFACE.

livre intitulé De l’état de la poésie françoise aux 12e et 13e siècles, attribue à notre trouvère plusieurs pièces qui ne lui appartiennent pas, et, dans la table alphabétique des auteurs placée à la fin de son Glossaire de la langue romane, il ajoute à cette inexactitude une erreur encore plus grande en disant que Rutebeuf fut exilé pour avoir composé une satire contre la prétendue pauvreté évangélique des moines[1].

Enfin le savant auteur du discours Sur l’état des lettres en France au 13e siècle (voyez tome XVIe de l’Histoire littéraire) prolonge la vie de Rutebeuf[2] jusqu’au commencement du 14e siècle, et se fondant, il est à croire, sur les allégations de M. Roquefort, augmente le bagage littéraire de notre héros de la fable de l’Asne et le Chien[3]. Ces erreurs sont peu graves et n’ont qu’une faible importance ; mais elles prouvent que jusqu’ici on avait parlé de notre trouvère

  1. Ces inexactitudes de M. Roquefort sont d’autant plus surprenantes qu’il cite comme autorités le Ms. 7218 et la page 55 du 3e volume de Barbazan : or précisément le Ms. 7218, où les poésies de notre trouvère sont réunies en corps, ne range parmi elles aucune des deux pièces en question, et Barbazan garde le silence relativement à l’auteur de la fable qu’il rapporte. Quant à l’exil dont M. Roquefort fait honneur à Rutebeuf, il le confond avec celui du grave théologien Guillaume de Saint-Amour, exil que notre poëte chanta, mais qu’il ne subit pas.
  2. Voici les paroles de M. Daunou : « Les quinze dernières années du 13e siècle nous fournissent, parmi les conteurs français, Haisiaux, Jean de Boves et Rutebeuf. »
  3. La seconde pièce désignée à tort par M. Roquefort comme appartenant à Rutebeuf est Le dit des Tabureors. Je l’ai imprimé dans mon recueil intitulé Jongleurs et Trouvères.