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COMPLAINTE AU ROI DE NAVARRE.

Tenuz seroit por foux nayx
C’il s’aloit auz paroiz combatre.
Par ceste raison vuel abatre
Vilonie, s’on l’en a dite,
Que sa vaillance l’en acquite.
Quant l’aguait faisoit à son tour,
Tout ausi come en une tour
Estoit chacuns asséureiz,
Car touz li oz estoit mureiz :
Lors estoit chascuns aséur[1]
Car li siens gaiz valoit .i. mur.

Quant il estoient retornei,
Si trovoit-hon tot atornei
Tables et blanches napes mises !
Tant avoit laians de reprises[2]
Donées si cortoisement
Et roi de teil contenement,
Qu’à aise sui quant le recorde,
Por ce que chascuns c’en descorde
Et que chascuns le me tesmoingne
De ceulx qui virent la besoigne,
Que n’en truis contraire nelui
Que tout ce ne soit voirs de lui.

Roi Hanrris, frères au bon roi[3],

  1. Voyez la note 3, page 38.
  2. Reprises, parties de jeu, revanches.
  3. Ce prince, comte de Rosnay, succéda en 1270, dans le titre de comte de Champagne et de roi de Navarre, à Thibaut V son frère, qui l’avait déclaré son héritier avant de partir pour la seconde croisade. Il porta le nom de Henri III et le surnom de le Gros ou le Gras. Il eut pour femme Blanche d’Artois, fille de Robert, frère de saint Louis, qui lui apporta en dot 25,000 livres tournois, et qui épousa en secondes noces Edmond de