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COMPLAINTE OU CONTE DE NEVERS.

Et que mieux recembleir vodroie
C’oume qui soit de nul langage.
Huedes ot non, preudome et sage,
Cuens de Nevers au fier corage,
Que la mors a pris en sa proie.
C’estoit la fleurs de son lignage :
De sa mort est plus granz damage
Que je dire ne vos porroie.

Mors est li Cuens ! Diex en ait l’âme !
Sainz Jorges et la douce Dame
Vuellent prier le sovrain maître
Qu’en cèle joie qui n’entame,
Senz redouteir l’infernal flame,
Mete le boen Conte à sa destre !
Et il i deit par raison estre,
Qu’il laissa son leu et son estre
Por cele glorieuze jame[1]
Qui a non la joie célestre :
Mieudres de li ne porra nestre,
Mien esciant, de cors de fame.

    ventions de son mariage avec Mahaut de Bourbon, âgée alors de deux ans au plus ; ensuite l’époque de leur mariage n’est pas aussi certaine que le dit l’Art de vérifier les dates. Dom Plancher place la célébration de cette alliance en 1247 ou 1249, et penche même pour cette dernière époque.

    Nous savons également par les continuateurs de Guillaume de Tyr (voyez la note sur Érart de Valéry, à la fin du volume) que le comte Huede alla outre-mer en 1265, et qu’il y mourut la même année au mois d’août, un peu avant la défaite éprouvée par les chrétiens au Carroublier. (Voyez, à la fin du volume, la note sur Geoffroy de Sargines.)

    Le nom du comte Eudes de Nevers est encore cité avec éloge par Rutebeuf dans la Nouvelle Complainte d’outre-mer. Malheureusement il ne nous est presque rien resté touchant le gouvernement de ce prince.

  1. Jame, pierre précieuse ; gemma.