Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome II, 1839.djvu/104

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Ne la très douce dame, que chascuns doit amer.
Mès por ce qu’en li n’a félonie n’amer,
Se je li cri merci nus ne m’en doit blasmer.


C’est la proière que Théophiles dist devant Nostre-Dame[1] :


Sainte roïne[2] bele,
Glorieuse pucèle,
Dame de grâce plaine
Par qui toz biens revèle,
Qu’au besoing vous apèle
Délivrez est de paine,
Qu’à vous son cuer amaine
Ou pardurable raine
Aura joie novèle,
Arousable fontaine
Et delitable et saine,
A ton Filz me rapèle.

En vostre douz servise
Fu jà m’entente mise,
Mès trop tost fui temptez
Par celui qui atise
Le mal et le bien brise.
Sui trop fort enchantez ;
Car me désenchantez,
Que vostre volentez
Est plaine de franchise,
Ou de granz orfentez

  1. Ces vers se retrouvent dans le Ms. 7633, sous le titre C’est la prière de Théophilus.
  2. Ms. 7633. Var. Marie.