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SAINTE MARIE L’ÉGIPTIANNE.

Avant de vous, Zozimas, sire :
Prestres estes, si devez dire.
Mult ert la riens saintefiée
Qui de ta main sera seigniée.
Diex aime ton prier et prise :
Toute ta vie m’a aprise ;
Quar tu l’as servi dès enfance.
En lui dois avoir grant fiance,
Et je r’ai grant fiance en toi.
Bénéis-moi, je te le proi. »
— « Madame, ce dist Zozimas,
Jà ma béneïçon n’auras
Ne de ci ne leverai mais,
Ainz ert passez avrils et mays
Por fain, por froit et por souffrète,
Devant que tu la m’aies fête. »

Or voit bien et entent Marie
Que por noient le détarie ;
Sanz béneir n’en veut lever,
Que que il li doie grever.
Lors s’est vers oriant tornée
Et de prier s’est atornée.
« Diex, dist-ele, rois débonère,
Toi pri et lo et je l’ doi fère.
Sire, benéoiz soies tu,
Et toute la téue vertu !
Sire, noz péchiez nous pardone
Et ton règne nous abandone,
Si que nous t’i puissons véir ;
Si nous puisses tu béneir ! »