Page:Ryan - Les hommes du jour William Cornelius Van Horne, 1892.djvu/10

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Canadien. Je ne me suis mêlé de politique qu’une seule fois, — et j’espère que cela ne m’arrivera plus, — ce fut lors des dernières élections générales, quand j’écrivis une lettre au sénateur Drummond ; cela fit lever tout un nid de bourdons à mes oreilles. Je ne tiens aucun compte des partis, et la compagnie ne doit rien ni au gouvernement ni à l’opposition. »

Il ne peut y avoir de doute qu’en définissant ainsi sa position, M. Van Horne ne fût parfaitement sincère. Mais le caractère de l’homme, la place qu’il occupe dans la génération actuelle ne peuvent être exactement pesés et estimés que par l’œuvre magnifique qu’il a accomplie dans la construction et la gestion du chemin de fer du Pacifique Canadien. Avant son apparition sur la scène de l’histoire de cette stupéfiante entreprise, on ne mentionnait que des avortements de projets pour traverser cette immense solitude inconnue, occupée par des tribus sauvages, terrain de chasse du bison, bornée à l’ouest, disait-on, par une mer de montagnes, et à l’est par une barrière infranchissable de rochers et d’eau ; aussi les hommes qui avaient une certaine connaissance du pays et des ressources du Dominion considéraient-ils ce projet de voie ferrée comme la plus folle chimère qui ait jamais hanté une cervelle humaine. Quand les délégués de la Colombie Britannique proposèrent modestement, comme l’une des conditions de l’entrée de leur province dans la confédération, la construction d’une route pour les véhicules jusqu’à l’est des montagnes Rocheuses et lorsque sir John Macdonald leur répondit avec fierté qu’il leur donnerait un chemin de fer, la proposition fut taxée de folie. Mais sir John savait ce qu’il faisait : sans un chemin de fer pour les relier aux vieilles provinces, celles, nouvellement acquises, des territoires du Nord-Ouest, étaient sans valeur, et, avec la prescience du génie, il adopta l’idée d’un chemin de fer transcontinental, dont Van Horne ne fut, plus tard, que l’instrument qui le devait mener à bonne fin. Il n’entre pas dans le cadre de cette étude d’énumérer les premiers incidents de l’histoire de cette grande entreprise. Le contrat passé avec sir Hugh Allan, sa non-réussite, le scandale du Pacifique, la chute du ministère Macdonald, les efforts louables de l’honorable Alexander Mackenzie pour construire le chemin de fer, les explorations et les arpentages faits sous la direction de M. Sandford Fleming, la construction de la branche de Pembina et de la section du lac Supérieur, la défaite du gouvernement Mackenzie,