Page:Ryner-Les paraboles cyniques-1922.djvu/22

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de son esprit. Ses yeux étincelaient quand il croyait, par une question captieuse, embarrasser le vieux philosophe. Mais il détestait les paraboles et toutes les réponses qui sourient et qui ondulent comme la lumière. Il eût voulu qu'on lui opposât des formules précises, de ces affirmations et de ces négations rigides que l'esprit saisit, main irritée, pour les briser ou pour s'y déchirer.

Le lendemain du jour où Lycon était parti, Excycle interrogea en ces termes :

— 0 Psychodore, la monnaie produit-elle moins de maux que la source empoisonnée dont tu parlais hier ?

Or il reçut cette réponse :

— La monnaie produit plus de maux à elle seule que toutes les sources et tous les torrents qui tombent des montagnes.

— Mais, reprit-il, celui qui l'inventa songea seulement à certains avantages qu'elle réalise. Il voulut être le bienfaiteur des hommes ; il voulut faciliter les échanges que le troc rendait pénibles et incertains. Je suppose donc que tu l'absous comme tu absous la source. Ou plutôt tu l'aimes et tu l'admires.

Psychodore haussa les épaules.

La parole d'Excycle devint âpre :

— Si je comprends bien, ô mon maître, la réponse peu précise dont tu daignes m'honorer, tu commets en ce moment une injustice et, de deux actes semblables, tu condamnes l'un mais tu approuves l'autre.

— L'inventeur de la monnaie, ô mon fils, ne ressemble