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le vivant, c’est l’amour du plaisir ». Pour la simplicité de l’exposition, sans nous préoccuper des détails et sans chercher à classer selon l’époque ou selon l’étage, nous appellerons nietzschéisme — parce que Nietzsche est le plus célèbre parmi ceux qui ont pris ce parti l’individualisme de la volonté de puissance ; et nous appellerons épicurisme — puisque Épicure est le plus célèbre entre ceux de cette tendance — l’individualisme de l’amour du plaisir.

Ceux qui ont dit « C’est un homme que je veux être » et qui cherchent ce qu’il y a de plus particulier à l’homme, ce qu’il y a de plus noble dans l’homme, se divisent aussi en deux tendances. Les uns veulent qu’en eux ce soit la raison qui domine, les autres que ce soit le cœur.

Ici aussi, sans nous occuper des époques, pour plus de facilité, nous appellerons stoïciens ceux qui songent à se conduire suivant leur raison et tolstoïens ceux qui songent à se conduire suivant les élans de leur cœur.

Voici donc quatre formes d’individualisme éthique bien différentes, au premier aspect au moins, entre lesquelles nous trouverions bien des formes intermédiaires. Nous pouvons distinguer : volonté de puissance, volonté de plaisir, volonté de raison, volonté de cœur.

L’une ou l’autre de ces formes de l’individualisme nous paraîtra-t-elle décisivement supérieure ? nous paraîtra-t-elle tout à fait complète ? Y en a-t-il une qui réponde entièrement à nos désirs ?

Le nietzschéisme, l’individualisme de la volonté de puissance, à moins de le prendre grossièrement, n’est individualiste qu’au départ. En d’anciennes controverses, avec