Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/139

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XX

Les grands travaux de la moisson étaient finis. Nous étions dans une période de repos relatif. Après de longs sommeils, nous nous promenions à la recherche de quelque gibier ou nous nous livrions à d’interminables causeries. Notre toilette occupait aussi bien des moments. Je regardais Aristote lécher son thorax, ses pattes, son abdomen ou en de lentes frictions passer et repasser ses pattes antérieures sur sa tête inclinée, et je songeais aux attitudes des deux chats qui rôdaient dans ma maison humaine.

Nous étions aussi des gens de loisir qui jouent entre eux. En dehors de la conversation, cette joie, nos distractions étaient des amusements gymnas-tiques, la course et la lutte surtout. Nous nous placions deux, trois, jusqu’à sept ou huit de front sur une de nos routes les plus belles et les moins accidentées. Une camarade postée un peu en avant sur le remblai se dressait soudain, toute droite, grandie encore par ses antennes levées comme un double panache frémissant. Son geste était le signal du départ.