Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/176

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XXVI

La troisième bataille fut particulièrement acharnée. La mort de beaucoup de nos amies nous avait assoiffées de vengeance et nos deux défaites successives avaient renforcé notre haine contre l’étranger d’une rage d’orgueilleuses humiliées contre l’offenseur. La guerre semblait devoir se prolonger longtemps et, sauf quelque chance peu concevable, ne finirait qu’avec notre entière extermination. Nous voulions, du moins, tuer beaucoup de celles qui nous tueraient. Peut-être aussi notre vaillance farouche les effraierait, les entraînerait à un exil.

Notre fureur, extraordinaire dès le matin, s’exaspérait de plus en plus. La chaleur croissante, l’ivresse qui nous venait du parfum formé par les vapeurs de sang et les vapeurs de venin, l’encouragement de quelques succès partiels vite annulés d’ailleurs par le génie du général ennemi, tout transformait notre courage naturel en âpre témérité.

Je me faisais remarquer entre les plus audacieuses. Les souvenirs énervants de la nuit m’aiguillotinaient