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Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/180

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qu’il manque de courage et on le méprise avec justice.

— Voilà de beaux sentiments, dit le général ennemi. Mais tu ferais mieux de nie laisser parler.

Avec une très noble courtoisie, il fit d’abord l’éloge de notre courage, l’éloge du génie d’Aris-tote. Puis il continua :

— Vous ne pouvez plus vivre seules. Si vous ne voulez pas être exterminées par notre nombre irrésistible, vous serez forcées de vous exiler, parmi combien de dangers I… Je vous l’ai dit, toute la région est occupée, et nous avons choisi votre voisinage, parce que vous étiez le peuple le plus faible. Nulle part, on ne vous laissera vous établir…

Après un silence où grandissait mon angoisse patriotique, cette habile fourmi conclut :

— Vous n’avez qu’un moyen de salut. Faites-alliance avec nous. Je m’étonnai :

— La proposition est étrange. La fourmi a la haine de l’étrangère.

— Réunissons-nous : nous ne serons plus des étrangères. Veux-tu porter mes propositions à ton général ?

— Mon général ne les croira sérieuses que s’il sait quel avantage vous y trouvez. Mon interlocutrice dit :

— Je vais te répondre en toute franchise. Cette alliance, qui est pour vous le seul salut, est pour