Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/182

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— Certes, dis-je fièrement, nous sommes riches.

— Nous avons besoin d’une partie de votre blé. Mes antennes eurent deux frôlements rapides, comme ricaneurs :

— Ah ! ah ! Elle affirma :

— Mais, de toute façon, nous l’aurons. Si vous refusez l’alliance, nous vous tuerons toutes, et vos richesses nous appartiendront sans partage. Si vous fuyez, nous vous laisserons partir dans l’inconnu, forêt de périls. Mais vous ne reviendrez pas chercher vos provisions : nous occuperons immédiatement votre nid. Et, chargées de vos nymphes et de vos larves, vous aurez emporté peu de vivres.

Elle termina :

— Maintenant, tu sais que vous devez choisir entre notre alliance ou l’extermination ; maintenant, tu sais que nous avons besoin de vous avoir pour amies, ou de vous tuer, ou de vous chasser vers la faim et les dangers de toutes sortes. Va dire ces choses à tes compatriotes, et qu’elles choisissent promptement.

Quand j’eus rapporté cette conversation à Aris-tote, elle eut une grande joie :

— Nous sommes sauvées !

La nouvelle se répandit vite. Les deux armées, qui tout à l’heure s’entretuaient, se fondirent en une foule fraternelle. Nous allâmes visiter la nouvelle