Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus souvent au même peuple. Mais plusieurs hommes peuvent, comme plusieurs fourmis, collaborer. Je reconnais cependant une autre infériorité humaine : l’idée d’ensemble de l’œuvre n’existe pas toujours dans l’esprit de chaque ouvrier mais sou-vrnt n’est conçue que par un chef qui dirige du dehors des mouvements subordonnés et non coordonnés.

— Tu soutiens donc qu’il existe un petit nombre d’hommes intelligents. Mais tu viens d’avouer que tous sont incapables d’affection pour leurs semblables.

— Ils sont, eux aussi, des animaux mêlés de bien et de mal, et il arrive à un homme d’avoir de l’amitié pour un autre homme.

— Son affection ne dépasse sûrement point, comme la nôtre, la limite de la mort. Seule, la fourmi a de pieux cimetières, voisins de sa demeure, où elle peut protéger les cadavres contre les mangeurs de chairs et les laisser sécher paisiblement au soleil

— Les chairs de l’homme, trop abondantes, ne se dessèchent point après la mort, mais deviennent une boue infecte. Mais les survivants enferment soigneusement le cadavre frais dans une case d’une sorte de vaste fourmilière souterraine.

— La fourmi a un langage.

— L’homme parle ausi.

— Imbécile ! montre-moi ses antennes.