Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/218

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croiriez-vous ? elles font ceci, elles font cela ! » Le camarade répond : « L’instinct suffit à expliquer tous ces actes. » « Non, reprend l’observateur, je vous assure qu’elles ont quelque intelligence. » Mais il ajoute aussitôt, prudent : « Rien de comparable assurément à l’esprit de l’homme. L’homme est le seul animal doué de raison. »

— Tu as des façons de penser bien inquiétantes.

— Observe-les un moment, lui dis-je. Je vais préparer quelque chose. J’ai peut-être trouvé un moyen de te faire comprendre mon sentiment sur l’homme et sur nous.

Des grains de blé étaient là. J’en disposai un certain nombre, de façon à leur faire dessiner deux circonférences sécantes, à peu près selon la figure que voici :


Je revins à Aristote, lui fis regarder mon travail.

— Que signifie ceci ? demanda-t-elle.

— Je représente, lui dis-je, par le cercle de gauche la pensée humaine, par le cercle de droite la pensée de la fourmi. Tu vois quelle petite partie commune présentent les deux domaines. L’homme nous croit seulement l’intelligence qu’il partage