Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/220

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XXXV

J’avais dit à Aristote :

— Les hommes sont des êtres heureux. Chez eux, personne n’a d’ailes visibles, mais chacun peut aimer : il n’y a que des mâles et des femelles ; point de ces pauvres neutres qui…

Elle m’avait interrompue :

— Vois à quelles contradictions te pousse l’amour de l’étrange. Tu prétendais ces êtres intelligents !

Je m’efforçai en vain d’expliquer qu’un sexe n’est pas nécessairement partout le compagnon de l’infériorité mentale. On comprend si difficilement les choses très différentes de celles qu’on connaît ! Aristote répétait obstinément qu’un être sexué est livré tout entier à la folie des ailes, incapable de toute couvre pratique et de toute méditation précise.

Sans m’arrêter à ses objections, je lui apportais d’autres stupeurs.

— Dans cette espèce, affirmais-je, le mâle est plus grand et plus fort que la femelle. J’oserai même dire qu’il est plus beau quand il est beau,