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Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/227

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XXXVIII

Ce jour-là, la cage de toile métallique contenait des provisions en quantité considérable. Peut-être notre geôlier devait-il s’absenter quelque temps. Dès que nous eûmes transporté chez nous toutes ces richesses, l’homme, après avoir enlevé le garde-manger et le tube qui le faisait communiquer avec notre nid, ferma hermétiquement l’entrée de la ville et nous recouvrit de l’écran noir.

Depuis longtemps nous ne sortions plus, nous méprisions la décevante promenade qui conduisait si vite, par un si monotone chemin, à une mer infranchissable. Pourtant c’est avec fureur que nous nous vîmes enfermées. D’ailleurs, le trou était nécessaire pour jeter les déchets. Faudrait-il donc se laisser envahir par les ordures de toutes sortes ?

Aristote me dit :

— Cet être que tu vantais tant est un fou bien cruel.

J’étais de l’avis d’Aristote. Mon cerveau gauche me rappelait la monstrueuse inhumanité de certains maîtres du monde et les caprices sanguinaires