Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/236

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J’avais peu de mal. Je pus bientôt échapper aux soins de Mme Octave Péditant, rester seul dans cette chambre où j’avais été quelques mois une fourmi prisonnière, où j’étais redevenu un homme.

À force de recherches, je retrouvai toutes les fourmis : les six amazones (je m’empressai de tuer ces vils esclavagistes), les six lasius et, ce qui m’étonna d’abord, les six uphœnogaster. Comment le nombre restait-il complet après mon involontaire désertion ?

Un instant de réflexion me fit comprendre. Au moment même où je redevenais Octave Péditant, la fourmi qui m’avait remplacé dans la vie humaine reprenait sa forme primitive.

Il est probable qu’elle n’avait pas conservé, elle, pendant son année d’exil, sa pensée ordinaire, et j’ai souvent songé aux sentiments nostalgiques qui poussèrent cette fourmi, devenue homme, à étudier les fourmis.