Page:Ryner - L’Homme-fourmi, Figuière.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

extrémités, leurs courbes se rapprochaient, finissaient par se rencontrer. Un petit nombre de galeries verticales, irrégulièrement disposées, mais presque toutes vers le centre du nid, les faisaient aussi communiquer. De distance en distance, des piliers soutenaient les voûtes et parfois de longs murs cloisonnaient la galerie. Ailleurs, au contraire, la rue s’élargissait en immense place, ou — plutôt Je couloir débouchait dans une vaste salle. Ces grandes salles occupaient souvent le point d’intersection des galeries. Leurs voûtes étaient supportées, selon les cas, par des colonnes, par des murs minces ou par de robustes arcs-boutants. Quelquefois aussi un couloir à peine commencé s’arrêtait net, fermé en impasse, n’était qu’une retraite.

Les étages inférieurs étaient inoccupés. Je m’y promenais dans une solitude absolue. On eût dit une ville abandonnée. On s’y retire seulement dans les grandes chaleurs ou si le haut de la fourmilière vient à être inondé. D’ordinaire, on se tient au premier étage. Pendant la journée, d’ailleurs, quand il fait beau, presque tout le monde est dehors, à chasser, à moissonner, à glaner, à travailler aux routes, ou même à jouer et à jouir des choses.

Certaines cases étaient pleines de blé. Mon odorat et mes antennes m’apprirent que ces greniers différaient des salles d’habitation. Leurs murs