Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/111

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gères, je désire maintenant les comparer d’après leur contenu.

Je crois les voir se distribuer en quatre groupes. Au fond de la vallée, d’humbles morales se tapissent comme des chaumières. En voici qui, sur des sommets peut-être artificiels et sur des mottes, dressent des châteaux d’orgueil. Les premières montrent le salut dans l’obéissance ; les secondes le font voir dans la domination. D’un groupe émouvant monte un parfum et un cantique d’amour. Un autre fait entendre le plus viril des hymnes et je distingue ce refrain : « Connais-toi afin que tu te réalises. »

Pour la facilité de l’exposition, je vais imposer un nom à chaque groupe. J’appellerai servilismes les doctrines d’obéissance ; dominismes, les systèmes de domination ; fraternismes, les éthiques qui prêchent directement l’amour et la fraternité.

Devant le quatrième groupe, j’éprouve une souriante hésitation. J’aimerais réserver le nom d’individualismes à ces sagesses qui me conseillent de me connaître, de me réaliser, d’être pleinement ce que je suis. L’histoire ne permet peut-être pas cette étroite définition. Certains dominismes ont eu, sous le nom d’individualisme, un succès très vif. D’ailleurs, quelque différence que présentent les