Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/123

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lement libres par la seule inégalité de leur vouloir, servilisme et dominisme deviennent deux langues mortes et qui crient d’incompréhensibles folies.

Indépendantes peut-être à la première apparence, les doctrines doministes tombent nécessairement dans une sociologie ou dans une politique. Si Nietzsche méprise la petite politique de son temps, c’est au nom d’une politique plus large. Il déclare étroit et mesquin le patriotisme français ou le patriotisme allemand ; mais il trouve noble d’être « bon Européen ».

Même à un point de vue purement égoïste, ces doctrines ne sont point libératrices : elles me soumettent à des désirs que je ne puis réaliser qu’avec l’aide d’alliés ou de dupes ; elles me troublent de craintes et de dangers que je ne puis combattre seul. Si je ne suis point né sur le trône, elles font longtemps de moi l’esclave plus rampant qui recherche la protection du maître. Bonaparte, parce qu’il aspire à devenir Napoléon, sacrifie à cet avenir tout son jeune présent ; pour obtenir les moyens de créer, peut-être, un futur branlant et ruineux, il épouse la maîtresse de Barras. Ce maquerellage particulier n’est-il pas le symbole de toute l’existence du doministe parti d’en bas pendant sa période ascensionnelle ? Il épouse suc-