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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/124

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cessivement les maîtresses de plusieurs Barras, je veux dire les intérêts et les préjugés de plusieurs groupes. Ces groupes aujourd’hui s’appellent le plus souvent partis politiques. Ils s’appelaient sectes religieuses, lorsque le souple Augustin grimpait vers l’épiscopat ; Augustin dont l’Église a fait un saint afin sans doute que les arrivistes se puissent choisir un patron.

Renonçant à toute volonté propre, à toute pensée personnelle ou plutôt mettant les ressources de sa pensée au service d’opinions étrangères, le doministe rampe vers le commandement à force d’hypocrisie obéissante. Chacune de ses actions, chacune de ses paroles est la servante d’un protecteur et d’un appétit. Son intelligence se transforme en ruse vulpine. Ce pauvre ne trouve jamais une heure pour le luxe de la pensée désintéressée.

Napoléon sera-t-il plus libre que Bonaparte ? Il le sera moins encore. Qu’on relise les paroles amères que Vigny met sur ses lèvres dans l’Entretien Secret. Ou, si l’on préfère qu’on se rappelle les formules plus générales de Jean-Jacques Rousseau : « La domination même est servile quand elle tient à l’opinion ; car tu dépends des préjugés de ceux que tu gouvernes par des préjugés. Pour les conduire comme il te plaît, il faut