Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/14

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appels de leur industrie puérilement impatiente. Combien plus encore il faut de silence et de paix pour pénétrer aux mystères de la sagesse… D’un halo de lumière moqueuse les frémissantes vérités intérieures débordent les formules les plus larges et les plus souples, loin qu’elles consentent aux précisions lourdes que nécessitent controverse et didactisme.

D’ailleurs, comment ces méditations risqueraient-elles d’être utiles à quelques lecteurs, si elles ne servaient d’abord à celui qui les fait ? Vraiment non, je ne sais pas, je ne puis ni ne veux savoir si j’écris pour moi seul ou pour un petit nombre d’intelligences amies. Cela dépendra du jugement que m’inspirera l’œuvre achevée et du bien qu’elle m’aura apporté ou qu’elle m’aura refusé. Ce livre est surtout, est peut-être uniquement, un effort pour m’éclairer moi-même. Lampe naïve que j’allume auprès de la statue dégrossie, es-tu destinée à quitter l’atelier ? Peu importe. Ce que je demande à ta tremblante lumière, c’est de permettre de mieux continuer mon travail.

Quel travail et qu’est-ce que je veux ? Je veux connaître ma vraie volonté, ma plus profonde et plus chère volonté, afin de la réaliser. Je veux découvrir, afin de l’exercer, l’art de vivre. La