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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/153

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crainte et sans complaisance, l’histoire m’a enseigné que le réfractaire, s’il n’est pas oublié ou transformé en monstre, est socialisé après sa mort. Les paroles libres d’un Socrate ne sont point libératrices pour le peuple. Xénophon et Platon les traduisent en mensonges sociaux et en font de magnifiques contreforts à ces « lois écrites » qu’elles semblaient devoir ébranler. Jésus, ennemi de la Loi, devient pour les disciples, le destructeur de l’Ancienne Loi et le fondateur de la Loi Nouvelle. Son mépris pour toute organisation religieuse et sociale, ses malédictions contre les Temples et les Palais ne le sauveront pas de servir de prétexte à la plus organisée des religions, n’empêcheront pas son nom d’être invoqué, de longs siècles, par toutes les tyrannies. J’ai vu l’héritage des cyniques insociables et des stoïciens insociaux envahi par les jurisconsultes, partisans du pouvoir absolu et qui, considérant théoriquement la servitude comme un fait contre nature, règlent par des lois positives les relations des esclaves et des maîtres. L’État s’empare de tout, se fait des instruments avec cela même qui lui fut le plus hostile. Il mord, dit Nietzsche, avec des dents volées.

À l’époque où, contre des alliés futurs, on nous « bourrait le crâne », nos journaux racontèrent