Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/154

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que certains Anglais mordaient dans leurs rosbifs avec des dents arrachées à des cadavres de Boërs. Je ne retiens ni le fait : il est invraisemblable ; ni le symbole : insuffisant. Puisqu’on n’a jamais prétendu que les dents des Boërs servaient à manger les Boërs. Je ne cherche pas dans les « races inférieures » : messieurs les cannibales ignorent probablement les progrès de la prothèse.

La politique s’est emparée, pour les avilir, des sagesses les plus nobles ; elle les a toutes transformées en morales et en instruments de règne. Il est à craindre que les individus capables d’apercevoir et de dénoncer le mensonge restent toujours en petit nombre. Ne proclameront-ils pas toujours la vérité subjective dans « un désert d’hommes », dans le désert sourd d’une foule d’animaux politiques ?

Les stoïciens n’avaient pas tort, qui considéraient l’espérance objective comme une faute et un consentement à la servitude. Alfred de Vigny est dans la grande vérité individualiste quand il appelle l’espérance la pire de toutes nos lâchetés. Jésus promet que, si nous cherchons le « Royaume de Dieu et sa justice, le reste nous sera donné par surcroît ». Au point de vue subjectif, il a