Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/158

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mon positivisme éthique une méthode de vie, je crois pouvoir enfin sans inconvénient cesser de confondre des limitations pratiquement utiles avec des négations objectives. Vingt-cinq années de vie laborieuse m’ont démontré que nul espoir ne m’est nécessaire. Il me semble donc que, maintenant, aucun espoir non plus ne me nuira. Je puis étudier de sang-froid, de Sirius, comme dit l’autre, une question qui est devenue sans danger et sans intérêt pratique.

Pesées en toute honnêteté et d’une main qui ne tremble plus, les raisons d’espérer me semblent l’emporter légèrement sur les raisons adverses.

Dans les siècles éclairés vaille que vaille à la torche fumeuse de l’histoire, je ne découvre nul progrès éthique ou social. Les formes politiques qui nous écrasent sont déjà discutées dans Hérodote, condamnées dans Platon. Les sages furent toujours des êtres exceptionnels. Tranchons le mot : le sage est un anachronisme dans tous les temps connus. Il n’est aujourd’hui ni plus commun qu’en un autre siècle, ni plus parfait, ni mieux écouté par la folie des grands et par la sottise des petits. Sauf aux heures de révolution ou de guerre, la persécution le frappe moins brutalement et ouvertement : elle en est peut-être plus subtile,