Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/159

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plus efficace, plus éteigneuse des pensées libératrices.

En quel contemporain trouverions-nous une beauté éthique supérieure à celles de Çakya-Mouni, de Socrate, d’Épicure, de Cléanthe, d’Épictète, de Dion Bouche-d’Or ? Et quel naïf croira la sagesse plus répandue chez nous qu’aux autres siècles ?…

Tiens ! Voici quelqu’un qui vante les lecteurs de Tolstoï plus nombreux que tout ce que Socrate, Jésus et Épictète réunis ont groupé d’auditeurs. Et il s’émerveille parce que Rabindranath Tagore ou Romain Rolland ont un vaste public.

Mais tous ces gens-là écoutent un poète ou un conteur, non un sage. Certaines curiosités sont même excitées à des raisons plus superficielles, vont à la notoriété, non à l’émouvante originalité. Combien lisent Rolland ou Tagore avec la même nonchalance amusée qu’un autre prix Nobel ou que le dernier prix Goncourt !

Le lecteur d’aujourd’hui reste passif et inerte. Ou bien, activité guetteuse et hostile, il se ramasse alternativement et se détend pour l’exercice de contredire telle « noble candeur » et pour la vanité de s’imaginer qu’il la réfute et la domine. Des lecteurs attentifs à eux-mêmes et qui feront du