Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/16

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par se perdre confusément dans le désert ou bien, à l’improviste, voici qu’elles pendent sur un abîme. Des guides qui se glorifiaient de ne rien ignorer m’ont égaré. Les méthodes les plus ambitieusement sévères me furent trompeuses comme les tâtonnements de l’aveugle ou les hasards de l’ivresse. Est-ce la cité de Dieu que l’on aperçoit dans tel lointain ?… Est-ce un jeu de lumière, une projection du désir, un frémissement de soleil et de vapeur ?

Les orgueilleux sont moqués à chaque instant par les fantasmagories. Mais plusieurs continuent à affirmer la plénitude du vide, sans jamais entendre ses railleries. Les confiants sont pipés par je ne sais quelles malicieuses apparences. N’arrive-t-il pas aux méfiants de nier les réalités les plus proches ?

Je n’ai, pour essayer de savoir, que ma raison et que mon cœur. Quand ils chanteront un duo harmonieux, j’éprouverai leur accord à des questions et à des objections. Si l’accord persiste, ah ! comme joyeusement je croirai. Mais si le chant devient querelle et si mes deux guides se contredisent ? …

Je croirai mon cœur. Pourvu que ce soit bien mon cœur qui parle, non mon éducation, mes sou-