Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/17

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venirs, mes habitudes, mes parents. Pourvu aussi qu’il ait, ce cœur, le courage d’affirmer autre chose que son désir.

Je croirai ma raison. Pourvu que ce soit bien ma raison que j’entende, et non point la Logique, guenon qui si souvent essaie de faire prendre ses grimaces pour le noble visage.

Est-ce que mon cœur et ma raison, si je parviens à les entendre seuls parmi le vaste silence des voix étrangères, se contrediront jamais ?

Il me semble que tu pleures, pauvre cœur : tu refuses de renier le passé, et mes parents, et leur affectueuse influence. Ta piété veut rendre vrai ce qu’ils ont cru. Elle veut m’agenouiller devant leur agenouillement. Et toi, ma raison, est-ce que tu n’enlaces pas la logique d’un baiser qui se veut immortel ?…

Calme-toi, mon cœur. Je ne renie, dans mon amour, rien de ce que j’aime. La douceur de votre accent m’enveloppe et me pénètre, morts bien-aimés ; jamais je ne cesserai d’entendre, comme en un rêve plus réel que ma vie, cette musique profonde. Mais le sens de vos paroles, pourquoi se faisait-il rigide et dogmatique sinon pour soutenir la faiblesse de mon enfance et diriger mon ignorance ? Mon enfance passée, vous l’auriez assou-