Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/174

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sées ; qui, au lieu d’abandonner leurs gestes, comme des réflexes, à toutes les irritations venues du dehors, en font les expressions et les rayonnements de leur être intime. Peut-être cette victoire est plus difficile dans le monde moderne, milieu plus complexement et minutieusement tyrannique. L’effort n’en est que plus noble ; le succès n’en serait que plus glorieux. Si Épicure ou Épictète vivaient aujourd’hui, ils auraient, je crois, l’héroïsme de se réaliser selon la même ligne qu’autrefois. Eh ! puis-je affirmer qu’ils n’existent point, lumières aussi ardentes qu’enveloppe plus d’obscurité étrangère et — tant pis pour le siècle, non pour leur beauté occultée ! — ignorés d’une époque qui marche à quatre pattes et dont les regards se noient dans la boue ?…

NOTE. — Je sais à quel point ce chapitre est incomplet. Parmi ses lacunes il en est qui n’accusent pas mon ignorance et qui ne s’excusent pas non plus sur le peu d’espace en quoi je voulais enfermer ce résumé. Même si j’écrivais tout un gros livre sur la seule histoire de la sagesse, j’oublierais ou écarterais d’un mot plusieurs de ceux qu’on me reprochera d’avoir négligés. Deux exemples : La Boétie, que j’aime beaucoup et à qui j’ai consacré un des onze dialogues de mes Apparitions d’Ahasverus, me semble appartenir à une histoire de l’individualisme politique plutôt qu’à celle de l’individualisme