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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/180

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donnaient les stoïciens sont dignes de nos méditations. Mais la grande émotion éthique, ils la soulèvent en nous par le portrait du sage et surtout par la vie de quelques-uns d’entre eux. Supposez que le stoïcisme n’eût produit, avec des Chrysippe subtils et sans vertu, que des Senèque déclamateurs et esclaves de toutes les servitudes volontaires[1] : le stoïcisme appartiendrait à l’histoire des doctrines mortes. Ce qui le rend immortel dans de nombreuses admirations et dans quelques efforts fraternels, c’est d’avoir été vécu complètement par Zénon de Cittium, par Cléanthe, par Épictète ; c’est, à côté de ces héros sans défaillance, d’avoir produit les gestes héroïques de Thraséas, des deux Arria, de Dion Bouche-d’Or, de combien d’autres. Le stoïcisme est la doctrine la plus riche en sages et en actes de sagesse. Il est vivant comme serait vivante, dans un autre ordre, l’école à laquelle on devrait les trois quarts des chefs-d’œuvres littéraires.

Je résiste à la hâte émue qui m’entraîne vers l’étude du subjectiviste réalisé. Il me semble que

  1. Sur Sénèque, les curieux peuvent lire le chapitre II de mes Apparitions d’Ahasverus.