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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/201

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beaucoup à la grâce, c’est-à-dire à une puissance étrangère et par conséquent à un déterminisme. Mais ne lui donnent-ils pas tout, en détail et dans l’ensemble ? Puisque nulle bonne œuvre, nulle bonne pensée n’est possible, d’après eux, sans le secours de la grâce ; puisque, tant que Dieu ne nous détermine pas au bien, la malice de notre nature nous détermine nécessairement au mal ; puisque chacun de nous est prédestiné au salut ou à la condamnation ? Les Jésuites, plus relâchés, font plus large la part de la liberté. Kant le sévère est déterministe tant qu’il s’agit de la vie que nous connaissons et du monde des phénomènes ; il relègue la liberté dans le royaume brumeux des noumènes et dans notre avant-naissance. Pratiquement, c’est la supprimer. Ainsi, historiquement, des doctrines déterministes coexistent souvent dans un même esprit avec la préoccupation de régler la conduite.

Si on y réfléchit, on ne s’en étonnera pas plus que de voir les affirmations déterministes coexister chez un même homme avec les préoccupations scientifiques. À y regarder de près, ce n’est pas seulement la liberté qui est nécessaire à la sagesse, c’est aussi le déterminisme ; ce n’est pas seulement le déterminisme qui est nécessaire à la recherche scientifique, c’est aussi la liberté.