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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/210

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La juste dignité du sage ne permet pas aux spontanéités voisines de dévorer sa spontanéité et de troubler son rythme ; l’équitable modestie du sage l’empêche de nuire aux autres spontanéités humaines : il essaie parfois d’éclairer, jamais de diriger. Telle, la sagesse défend son domaine contre les envahissements des autres disciplines, et elle se garde d’envahir les autres domaines.

Parmi les emphatiques folies des morales, une des plus déplaisantes est leur besoin de tout inonder. Réclamant pour elles-mêmes tout le respect, elles sont incapables d’aucun respect. Elles ne s’arrêtent devant aucune activité désintéressée et, sans crainte de les déformer, elles exigent que l’art et la science leur soient soumis. Prétention criarde qui avoue, pour quiconque a des oreilles, quelle grande immoralité est le fond même de