Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/226

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reconnaît dans sa méthode d’observation une grave cause d’erreur.

Le moraliste trouve l’immoralité monstrueuse ; le savant aussi trouve monstrueuse l’indifférence à la vérité, et l’artiste, l’indifférence à la beauté. Au vrai, ce sont eux qui sont trois beaux monstres et le commun des hommes se laisse guider à des passions un peu plus grossières et, réels ou imaginaires, à des intérêts plus vulgaires. Impératif artistique, impératif scientifique et impératif éthique sont catégoriques pour un petit nombre d’hommes qui, consciemment ou non, ont, si je puis dire, épousé à toujours l’hypothèse. Mais la nécessité intérieure de savoir, de créer ou de réaliser n’est pas commune. Les populaces d’en haut ou d’en bas ne connaissent que les nécessités biologiques, les fantaisies chatouilleuses du plaisir, de la richesse, de l’amour-propre et de la domination. Si nous consentons à reconnaître que les hommes sont en petit nombre, nous dirons que la foule ignore les seules nécessités humaines. Mais, pour les hommes véritables, il y a peut-être trois impératifs presque catégoriques au lieu d’un ; les meilleurs même et les plus complets les entendent inégalement.