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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/234

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son aiguillon d’appréhension et sa puissance de trouble. Il sait que le meilleur moyen d’y réussir, le seul qui réponde à toutes les attaques, c’est de fortifier sa propre indifférence. Il sait qu’on approche du bonheur par une série de réformes de soi-même. Il faut connaître, au moins pratiquement, la matière qu’on travaille et l’outil dont on se sert : le sage futur distingue deux raisons capitales de s’étudier et de se connaître lui-même.

Quel sens donnait Socrate au Connais-toi toi-même ? Les historiens de la philosophie peuvent discuter. Le subjectiviste sent la nécessité de connaître non point son moi métaphysique, mais son moi éthique, son moi ami du bonheur, seul ouvrier du bonheur ou du malheur, support et proie du malheur ou du bonheur.

Les deux grandes écoles subjectivistes de l’antiquité semblent s’être partagé l’étude du moi éthique. Élargirai-je beaucoup le sens moderne du mot critique si je dis que l’épicurisme se ramène à une critique de la sensibilité, que le stoïcisme se ramène à une critique de la volonté ?

Le bien, c’est la suppression de l’état de trouble où nous met le désir. Or le sage veut supprimer le désir sans supprimer la conscience de soi ni l’har-