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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/233

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pas de savoir si la maxime de son action peut devenir un principe de législation universelle ; ou s’il se pose cette question, c’est subsidiairement[1]. Le sage est exempt de toute manie législatrice. Il sait qu’on n’impose pas le bonheur. On peut seulement (et le succès est rare) essayer d’éclairer ses voisins ; les entraîner, non à écouter la parole morte et mortifère des ordres et des règles, mais à chercher en eux-mêmes, seule source de vie pour eux.

Le subjectiviste ne parle pas de devoirs. Ou bien il délivre ce mot du sens rigoureux, catégorique, dit l’autre, dont le chargent messieurs les moralistes.

Le subjectiviste ressemble à tous les hommes en ceci qu’il veut son propre bonheur. Il diffère de la foule en ceci qu’il sait, lui, ce qu’il veut. Et il n’a pas la naïveté de chercher le bonheur aux objets étrangers. Il veut échapper à la tristesse, à l’inquiétude, à la crainte, à toutes les douleurs profondes. Il veut arracher à la souffrance physique

  1. Pour reconnaître s’il veut vraiment. Le procédé est parfois commode et fait saillir la contradiction interne de certains vouloirs apparents.