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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/242

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peu lui importe qu’on connaisse ou qu’on ignore la cause.

Pris plusieurs heures par jour par les besognes pour le pain quotidien, je suis à peu près dans la situation de l’esclave antique[1]. Amoureux d’art, préoccupé de créer et d’enfermer mes créations dans une forme qui, mienne, exprime mes rêves sans flottements inutiles ni précisions blessantes, je ne m’accorde pas volontiers les longs loisirs peut-être nécessaires à telle expérience épicurienne. Au lieu de dénouer certains nœuds avec les doigts lents et subtils d’Épicure, ma hâte les tranche d’un fer stoïcien.

Si, devant la privation matérielle, l’attitude stoïcienne est la seule qui me réussisse, la douleur morale me présente des cas différents et, comme disent ces messieurs du Palais, des espèces. En face d’une déception ou d’une trahison, c’est encore la méthode d’Épictète qui me sauve. Pour la perte d’un être aimé, la douce et mélancolique discipline d’Épicure charme mieux le mal et apaise

  1. Écrit avant ma retraite, prise fin 1921. Depuis, je multiplie davantage écritures soignées, conférences, documentations passionnées.