Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/243

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mieux mon cœur. Souvent, après la mort de son cher Métrodore, Épicure se promenait rêveur à travers le jardin. Des disciples lui demandaient : « Maître, désires-tu rester seul ? » Il répondait — et quelle belle lumière devait être son sourire — : « Je ne suis pas seul ; je m’entretiens avec Métrodore ». Ce culte du souvenir, cette résurrection du passé m’est chose douce et remède efficace. La réponse stoïcienne est ici trop brutale pour moi : « Il était mortel. Je n’y peux rien. Sa mort ne dépendait pas de moi et m’est indifférente ».

Ainsi j’utilise, selon les cas, la discipline d’Épicure ou celle de Zénon. Je veux un résultat et j’emploie les moyens qui me le donnent. À chacun de s’examiner soi-même et de savoir ce qui lui réussit. Je crois que, dans une mesure qui variera, beaucoup feront une place à l’éducation épicurienne de la sensibilité, une place à l’éducation stoïcienne de la volonté. D’autres trouveront peut-être tout ce qui leur est nécessaire dans l’une des deux disciplines.

Parmi les exercices de volonté recommandés par les stoïciens et surtout par les cyniques, plusieurs me semblent transformer l’artiste moral en quelque chose de pauvre et de monastique. Ces gens-là ignorent que la grâce est nécessaire à la