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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/248

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je me promène librement dans le calme. Ainsi l’épicurisme, qui dans la période préparatoire est un premier degré montant vers le stoïcisme, devient ensuite le lieu ordinaire de ma vie. Mais, si je ne me fatigue pas à garder quand rien ne menace une attitude héroïque et à traîner une lourde armure, je ne l’oublie pas cependant : pour que ma vie soit, aux circonstances nécessaires, héroïque sans effort ni défaillance, il faut que, sous le discret sourire de la parole, la pensée reste toujours héroïque.

L’éthique subjectiviste, éthique de la sagesse et non du devoir, éthique tout autonome qui me fait chercher en moi-même mon but et mes moyens, est une méthode d’affranchissement et de paix intérieure. Je l’aime parce qu’elle me délivre de tous les maux. Elle me libère du dehors et des servitudes. Elle m’épargne la douleur du chaos intellectuel. Elle m’arrache enfin à l’odieuse inharmonie entre ma pensée et ma vie. Elle appelle vertu mon effort pour réaliser de mieux en mieux mon harmonie personnelle ; elle appelle bonheur cette harmonie réalisée ; elle appelle joie le sentiment de chacune de mes victoires successives, le sentiment, dit Spinoza, du passage d’une perfection moins grande à une perfection plus grande.