Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/26

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saurai que je ne dis plus ce qu’ils sont aux réalités observées, mais ce que je veux qu’ils soient. Peut-être serai-je réduit à cet héroïsme. Du moins, je n’ignorerai pas ce qu’il a d’aventureux, ce qu’il a de trop humain, ce qu’il a d’arbitraire et de personnel. Avant de me résoudre à tant de présomption, essayons des méthodes plus humbles et plus concrètes.

Malgré mon effort souvent répété pour me draper au manteau du silence, voici qu’un vent le soulève. Une clameur entoure, assourdit, envahit ma méditation. Celui qui hésite au carrefour, comment éviterait-il les conseils discords des voyageurs qui savent ou croient savoir ?

Des voix nombreuses m’appellent : — Viens avec moi, homme de bonne volonté. Viens, que je t’apprenne la science certaine de tes devoirs certains.

— Où avez-vous puisé votre certitude, ô mes maîtres ?

Les voix répondent diversement. Elles parlent les unes de révélation ; les autres, de vérités éprouvées. Les morales proclamées appuient leur certi-