Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/28

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désir guetteur de surprendre vos faiblesses et de vous frapper au point mortel ?… Ma méthode sera plus pacifique. Je ne chercherai à tuer aucune doctrine. Plusieurs — qui sait ? — pourront me servir : je les accueillerai et tenterai de les harmoniser. Celles qui me nuiraient, je n’éprouve pas le besoin de les détruire ; il me suffit de les écarter. Il n’y aura pas ici un combat avec vainqueur et vaincu. Des amis viendront, je l’espère, que je recevrai dans la joie. Des ennemis déguisés surgiront aussi, je le crains, et des fous. Mais la clarté de mon regard et la claire fanfare de mon rire ne suffiront-ils pas à les chasser ?

… Vraiment, dépend-il de moi qu’il n’y ait pas combat ? Dépend-il de moi que je ne sois pas conquis ? L’une des morales qui me déplaisent à première vue ne va-t-elle pas opposer à ma répugnance, imposer à mon esprit quelque argument irrésistible ? Est-ce que je pousserais l’amour de la liberté jusqu’à la mauvaise foi ? Est-ce que je m’accorderais le droit de rejeter une démonstration rigoureuse et scientifique ?

Si je rencontre une vraie démonstration, mes répugnances instinctives tomberont et j’accueillerai, reconnaissant, le trésor de certitude.