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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/52

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milieu » disaient les stoïciens. Les anciens philosophes et, parmi eux, Socrate et Épictète, permettent, pour se décider dans ces occasions, d’avoir recours à la divination. Aucune forme de divination ne me séduisant, je me laisse volontiers entraîner, dans ces cas indifférents, à toutes sortes de penchants ; et le penchant métaphysique n’est pas sans force chez moi.

Un exemple : le suicide. Les considérations morales par quoi on le condamne m’apparaissent du dernier ridicule. La sagesse ne me dit rien ni pour ni contre ce geste, qui peut emprunter aux circonstances un reflet de noblesse ou de lâcheté, mais qui, par lui-même, dans l’abstrait, apparaît éthiquement indifférent. J’admire la beauté lumineuse des morts volontaires de Zénon, de Cléanthe et de quelques autres, anciens ou modernes. Je ne trouve pas moins belles certaines façons d’accepter la vie la plus pénible et la plus dénuée d’espoir ; j’admire le sourire dont Épicure accueille les souffrances croissantes d’une maladie incurable. Ni les arguments des stoïciens en faveur du suicide ni les raisons qui motivaient ce qu’on pourrait appeler « la survie » d’Épicure ne parviennent à émouvoir mon assentiment pratique. Néanmoins, chaque fois que j’ai médité sur la question, je suis