Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/55

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Plusieurs constructions morales s’appuient consciemment sur la sociologie. Repousserai-je cette aide comme celle de la métaphysique ? L’homme, tel que je le connais, fait partie, dira-t-on avec justesse, de la société plus étroitement que de l’univers. Le définir un animal social, c’est déjà dire quelque chose de précis. Dire qu’il est un être, c’est vraiment dire trop peu et trop peu nous instruire. Même si la métaphysique avait un caractère scientifique, ses généralités seraient encore trop lointaines pour nous éclairer utilement sur un être aussi particulier. La sociologie n’offre pas le même défaut et il y a quelque spéciosité à présenter la morale comme un de ses chapitres.

On dit sociologie, aujourd’hui que la science est à la mode. Jadis ne disait-on pas politique ? Il y a déjà quelque temps que Ménénius Agrippa contait aux plébéiens révoltés la fable Les Membres et l’Estomac. L’ingénieux orateur qui, placé « de l’autre côté de la barricade » aurait, probable, dit tout le contraire, ne se doutait pas qu’il enfermait en un court apologue la matière d’une science future et que de gros livres délaieraient dans une sauce philosophique son opportune métaphore.

Si l’on tient à maintenir une distinction entre