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Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/73

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était le plus habile, celui qui presque toujours triomphait de l’adversaire. Du raisonneur qui avait vaincu tant de sophistes, on fit facilement un ennemi de la sophistique.

Malgré le peu de renseignements positifs sur ces philosophes dont le nom même est devenu une injure, il semble établi qu’ils étaient d’accord sur un seul point : la distinction entre la coutume et la nature, la condamnation des coutumes et des lois au nom de la nature. Il est difficile de ne pas reconnaître une forme de cette doctrine dans la distinction socratique entre « les lois écrites » et « les lois non écrites » et dans la proclamation de la supériorité des dernières.

Dès sa source historique, l’individualisme se partage en deux ruisseaux qui deviendront deux fleuves puissants, tantôt rapprochés, plus souvent éloignés. Sous le mot nature, les sophistes mettent déjà, avec une conscience plus ou moins claire, deux sens différents. Pour le Calliclès que nous fait connaître Platon, la nature est l’ensemble de nos instincts et de nos appétits ; parmi nos instincts, Calliclès, comme plus tard Hobbes ou Nietzsche, distingue surtout la soif de dominer. D’autres cependant, proches de Socrate, prennent déjà le