Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/72

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duite, ils cherchent des raisons pour justifier leur conduite et louer ce qu’ils font. Il faudrait donc, pour être juste, distinguer entre les sophistes et les étudier l’un après l’autre. Œuvre difficile quand on n’a que des documents hostiles et qui précisément s’appliquent à confondre le meilleur avec le pire. Mais ceux qui, sur la foi des anciens ou de nos manuels, condamnent tous les sophistes et cependant professent quelque respect pour Socrate sont priés de se rappeler que Socrate tenait en grande estime le sophiste Prodicos et lui envoyait des disciples.

Qu’ils sachent aussi que, malgré la ridicule orthodoxie historique, Socrate est un sophiste. Jusqu’à sa mort, tous ses contemporains le considèrent comme tel, non pas seulement Aristophane et le parti aristocratique. Les dialogues de Xénophon et de Platon paraissent singulièrement fausser la pensée socratique. Ces ennemis des sophistes se sont appliqués à séparer leur maître de compagnons qui leur déplaisaient et qui leur paraissaient compromettre une mémoire vénérée. Parmi la réprobation, la méprisante curiosité, la crainte de se commettre, la crainte aussi d’être battu et ridiculisé par des jouteurs trop redoutables, les sophistes, discutaient surtout entre eux. Socrate