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trice. Xénophon et Platon appartiennent au parti aristocratique et laconien, Socrate sut réunir contre lui tous les partis. Le Socrate de Xénophon et de Platon aurait été l’allié, non l’adversaire d’Aristophane ; et, en effet, Platon, au Banquet, fait de ces deux ennemis, deux amis. On ne comprendrait pas pourquoi les Trente auraient poursuivi d’une haine implacable cet ingénieux et utile aristocrate. En vérité, les Dialogues et les Mémorables sont des romans à thèse à travers quoi il faut deviner le vrai Socrate[1].

Malgré les tendances aristocratiques des disciples, dès qu’on regarde d’un peu près, on distingue en Socrate un ennemi de la populace d’en haut comme de la populace d’en bas, un railleur de toute politique. S’il irrite les démagogues par son opposition dans le procès des généraux, il refuse aux trente tyrans de leur livrer Léonte de Salamine. Il raille le démocratique tirage au sort des magistrats ; mais les Trente ne lui paraissent pas supérieurs aux élus de la fève : il les compare

  1. Sur les mensonges, systématiques ou non, de Platon et de Xénophon, on trouvera d’abondants renseignements dans Les Véritables Entretiens de Socrate (passim.).