Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/78

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comme sur celui de Jésus[1]. Malgré l’apologie légaliste de Xénophon, il semble indéniable que Socrate désobéissait aux lois religieuses de son temps. Et ne corrompait-il pas la jeunesse, l’insolent qui enseignait à raisonner, non à obéir ? La condamnation de Socrate, comme plus tard celle de Jésus, semble irréprochable légalement. L’homme de bonne foi doit choisir : mépriser Socrate et Jésus ou mépriser la Loi qui les assassina. Je distinguerai entre les lois d’alors et celles d’autres siècles quand on m’aura montré un code où nulle innocence naturelle ne se transforme en culpabilité légale.

Le procès de Socrate est un des épisodes les plus illustres de la lutte éternelle entre la conscience individuelle et l’État. Comme toujours, l’État est vainqueur sur le plan matériel. Comme toutes les fois que le champion individualiste est un héros, la conscience est victorieuse sur le plan moral. Ne nous illusionnons pas touchant la nature et la portée de cette dernière victoire. Elle reste

  1. J’ai tenté dans Les Véritables Entretiens de Socrate de retrouver la vraie pensée de Socrate, comme j’ai tenté dans le Cinquième Évangile de retrouver la vraie doctrine et la véritable évolution de Jésus.