Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/83

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Ces hommes que leur situation mettait au ban de la société civile furent des ennemis souvent conscients de la cité et des lois positives.

« Je suis citoyen du monde », disait Diogène après Socrate. Il ajoutait : « Je ne connais qu’un gouvernement digne d’admiration, le gouvernement du Cosmos ». Les paroles et la vie des cyniques n’expriment que mépris pour les distinctions artificielles et légales. La plupart ne demandent les médiocres ressources nécessaires qu’à une mendicité joviale et un peu brusque. Tous montrent qu’il n’y a aucun rapport entre le mérite civique et le mérite éthique. Ils ne placent pas la vertu dans la connaissance, comme le Socrate des Dialogues, mais dans la force de souffrir les privations et dans l’indépendance de tout ce qui est coutume ou loi écrite. S’ils renoncent aux biens matériels, c’est surtout parce que le tyran, homme ou loi, dispose de ces biens et, par le désir et la crainte, asservit quiconque s’en préoccupe. Ce renoncement, cette purgation de toute crainte et de tout désir, apparaît au cynique le seul chemin qui conduise à la liberté. Il raille toutes les chaînes sociales : patrie, famille, propriété, et jusqu’à l’honneur, « ce vain bavardage des fous ». Diogène, en pleine guerre, parodie l’activité patriotique : pour n’être