Page:Ryner - La Sagesse qui rit, 1928.djvu/86

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humaine. Par leurs paroles et par leurs exemples, les vrais stoïciens affranchissent l’homme de la tyrannie de l’État. Ils élargissent, jusqu’à lui faire embrasser l’humanité, l’étroite fraternité civique. Pour eux, tous les hommes sont frères, non plus seulement les quelques hommes de loisir et de privilège nés sur le même sol.

Le stoïcisme n’est pas uniquement, comme le cynisme, une attitude morale. C’est un vaste système et solidement construit. Les stoïciens résistèrent jusqu’au bout aux attaques des sceptiques et ils furent les derniers des dogmatiques anciens. Chez eux, comme chez les autres philosophes, ce qui n’est pas sagesse pratique devient, en quelques siècles, simple objet de curiosité et amusante érudition. C’est leur éthique seule à quoi je m’intéresse.

Zénon de Cittium, fondateur de la doctrine, et Ariston de Chio, le plus brillant de ses disciples immédiats, résumaient leur sagesse dans la formule : « Vivre harmonieusement ». Cléanthe, premier successeur de Zénon, l’abandonne déjà pour se rallier à la formule cynique : « Vivre harmonieusement à la nature ». Ce n’est que la systématisation autour de cette dernière