Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/116

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nant pour votre compte tels vœux du pauvre esthète qui finira par perdre la « boussole cervicale » :

« Il se souhaita aveugle en un monde désert, pour jouir pleinement de la vérité des choses. »

Madame Th. Bentzon est une voyageuse et une liseuse : elle regarde avec sympathie, distingue les menus faits intéressants, conte avec un charme discret, commente en personne de sens. Il y a plaisir à lire ses études superficielles et élégantes, d’un talent lent et calme sur les littératures et les mœurs étrangères. Elle s’arrête un instant devant les types les plus divers, sourit à chacun, l’esquisse en traits facilement oubliables, mais aimables. Son écriture sans relief n’effarouche ni la Revue des Deux Mondes ni l’Académie, et pourtant ces grisailles, grâce à la souplesse du dessin, ne sont point déplaisantes.

Par malheur, ses innombrables romans me confirment dans cette pensée que la femme est également incapable d’ordonner un livre et de créer un caractère. Les œuvres féminines de quelque valeur sont courtes, ou expriment dans un désordre de conversation des choses vues, ou disent l’âme de l’auteur. Dès que l’œuvre exige une vue d’ensemble, un effort de synthèse, la femme y est inégale. Pour employer des mots alle-