Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/150

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Malgré l’insuffisance de la metteuse en œuvre, les livres de Mme de Witt ne sont pas toujours ennuyeux. Il y a trop de choses qui ne sont point d’elle : elle ne réussit pas à tout gâter. Voici un détail qui me paraît intéressant.

En 1839, elle n’est encore qu’une petite fille, et une curieuse lettre paternelle lui reproche de négliger la ponctuation : « Toute ponctuation, virgule ou autre, marque un repos de l’esprit, un temps d’arrêt plus ou moins long, une idée qui est finie ou suspendue, et qu’on sépare par un signe de celle qui suit. Tu supprimes ces repos, ces intervalles ; tu écris comme l’eau coule, comme la flèche vole. Cela ne vaut rien, car les idées qu’on exprime, les choses dont on parle dans une lettre ne sont pas toutes absolument semblables et toutes intimement liées les unes aux autres. Il y a entre les idées des différences, des distances inégales, mais réelles, et ce sont précisément ces distances, ces différences entre les idées que la ponctuation et les divers signes de la ponctuation ont pour objet de marquer. Tu fais donc, en les supprimant, une chose absurde ; tu supprimes la différence, la distance naturelle qu’il y a entre les idées et les choses… Le défaut de ponctuation répand sur tout ce que tu dis une certaine uniformité menteuse, et enlève aux choses dont tu parles leur vraie physionomie, leur vraie place, en les présentant